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Rendez-vous en terre connue

« Le voyage est un retour vers l’essentiel. » Proverbe tibétain

Quatre mois plus tard, me voilà de retour au Togo ! Si les raisons qui m’y ramènent sont personnelles, j’ai aussi envie de me rendre utile. Une belle occasion de faire avancer les projets d’Ergo Togo sur le terrain ! En voici un petit retour…

Deux jours après mon arrivée, je participe à la plateforme réadaptation, qui réunit tous les deux mois environ les grands acteurs de la réadaptation du Togo (Handicap International, MoveAbility du CICR, OADCPH, FETAPH, délégations du ministère de la santé et de l’hygiène publique et du ministère de l’action sociale, etc.). Un peu impressionnée de « jouer dans la cour des grands », je suis discrète mais attentive aux différents échanges. En fin de rencontre, quand est posée la question de l’avancée de l’ouverture d’une filière ergo au Togo, je me sens enfin légitime d’être présente à ce temps de travail. De par leurs nombreux partenariats, la plupart sont informés que le Bénin a aussi ce projet et qu’un choix devra être fait entre les deux pays. Tous s’accordent à dire que ce doit être le Togo ! Conscients que la décision n’appartient pas à Ergo Togo et que nous avons besoin de soutien, il est proposé que la plateforme réadaptation vienne en appui de ce projet. Je sais qu’au Togo les actes mettent parfois du temps à succéder aux paroles, mais je sors de cette réunion pleine d’espoir et boostée par cet élan qui fait chaud au cœur !

La deuxième semaine, c’est une petite mission béninoise qui m’attend ! Elle fait suite à l’entretien qu’ont eu Gaëlle et Sylvain en avril dernier, avec Handicap International et le Pr KPADONOU, chef du service de médecine physique et de réadaptation du CNHU de Cotonou. Le Pr KPADONOU avait sollicité Ergo Togo il y a quelques mois pour un partenariat. Pendant trois jours, j’ai donc exploré cette question ! Ouvert depuis 1991, le service médecine physique et de réadaptation accueille environ deux cents patients par jour, qui viennent du domicile ou d’autres services du CNHU. Le service a également une hospitalisation complète de douze lits. La rééducation est surtout axée sur la kinésithérapie (environ vingt-quatre kinés !) avec des spécialisations en neuropédiatrie, réentrainement cardiaque, chirurgie de la main, périnéologie, balnéothérapie, acupuncture. Le service comprend également un département d’appareillage, avec trois orthoprothésistes, un cordonnier orthopédique et un agent de service. Les patients sont adressés aux orthoprothésistes par les médecins du service MPR ou par d’autres médecins (traumatologues, rhumatologues, chirurgiens pédiatriques…). Une orthophoniste intervient tous les matins dans le service. Je trouvais déjà génialissime le fait qu’il y ait un médecin MPR (il n’y en a pas au Togo), et voilà que je découvre que trois autres médecins MPR travaillent aux côtés du Pr KPADONOU ! Comme ce dernier, deux se sont formés en Belgique et en France, où ils ont connu l’ergothérapie. Inutile donc de les convaincre des besoins en ergothérapie, et c’est d’ailleurs le Pr KPADONOU qui est venu nous solliciter. Je vois là une très belle motivation… MoveAbility m’avait prévenu, mais je dois avouer que je ne m’attendais pas à un tel service de médecine physique et de réadaptation au Bénin. Je suis impressionnée et admirative de tout ce qui est déjà en place, et des perspectives de développement. Je mesure l’énorme investissement et dévouement du Pr KPADONOU pour son service, et prend conscience de la chance que j’ai de côtoyer ce grand monsieur, de ceux qui forcent le respect et l’admiration. Tout ça éveille en moi une folle envie de rester travailler avec eux ! Je suis vraiment triste d’avoir déjà épuisé mes ressources de bénévole…

Le dernier jour, avec le Pr KPADONOU, nous avons visité le Centre de Promotion Sociale Sainte-Cécile de Cotonou, l’un des trente-sept centres de réadaptation à base communautaire (RBC) du Bénin. Le centre accueille tous les lundis et vendredis des enfants en situation de handicap (IMC, hémiplégie infantile, spina bifida, trisomie, troubles du langage, etc.). Trois volontaires formés par le réseau RBC (pas de qualifications paramédicales mais formations de recyclage) stimulent les enfants, en fonction de leurs besoins. Les parents sont présents, afin de pouvoir continuer la stimulation à domicile. Aucun professionnel paramédical n’intervient car le centre n’a pas de financement, et les parents n’ont pas les moyens de se tourner vers le libéral. La visite de ce centre me montre qu’il existe d’autres lieux pour la réadaptation au Bénin, néanmoins beaucoup plus précaires et moins développés.

Ce cinquième séjour au Bénin m’aura permis cette incroyable expérience, que je suis heureuse de partager avec ma sœur et les copains de Cotonou.

Les récents événements survenus dans le Nord du Bénin ayant entrainé une réévaluation des zones de vigilance au Togo, je suis allée rencontrer France Volontaire, afin de savoir quelles directives ils suivaient sur le terrain. Ces derniers m’ont confirmé suivre les recommandations de France Diplomatie. Pour favoriser la sécurité des bénévoles, nous avons intégré ces nouvelles recommandations dans la charte de mission, et avons averti les bénévoles déjà sur le terrain.

Toujours pour des questions de sécurité, j’ai sillonné les quartiers de Lomé, en quête de bons casques de moto pour nos bénévoles. Loin de notre législation française, il peut y avoir une certaine excitation et un sentiment de liberté à rouler sans casque, cheveux au vent… Mais il existe une autre réalité, celle des accidents de la route, très fréquents en Afrique de l’Ouest francophone. Alors tous à vos casques !

J’ai par ailleurs rencontré Koffi ADJAYI, directeur exécutif d’ADA-Togo, une organisation non gouvernementale togolaise créée en avril 2004 et qui intervient dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’environnement. ADA-Togo a ouvert en 2016 un Centre Médico-Social (CMS) dans le but de faciliter l’accès aux soins, à un moindre coût, 7j/7 et 24h/24. Le CMS propose les services suivants : médecine générale et pédiatrie avec des consultations et des soins, maternité avec des consultations prénatales et des accouchements, kinésithérapie, pharmacie, laboratoire. Koffi ADJAYI serait très intéressé d’y proposer aussi de l’ergothérapie, en complément de la kinésithérapie. Cette rencontre nous a déjà permis de mieux connaitre ADA-Togo et son CMS, dont Elodie et Clémence, anciennes bénévoles d’Ergo Togo, nous avait parlé avec entrain. Avant tout partenariat, une exploration plus approfondie semble nécessaire pour évaluer les besoins en ergothérapie, car le CMS est encore en phase de développement et il y a parfois peu d’activité. Et qui dit nouveau partenariat, dit également pouvoir trouver des ergothérapeutes supplémentaires !

En tant que référente ADS, ça a été l’occasion de rencontrer Luce et Daphné, les supers ergos qui étaient en mission à ADS ! Comme c’est agréable de quitter le virtuel des conversations Messenger. Pleines d’entrain, Daphné et Luce continuent de renforcer et de développer notre partenariat avec ADS (réunions pluridisciplinaires, visites à domicile, sensibilisations, etc.). Ayant vécu les débuts de l’ergothérapie à ADS, c’est un vrai bonheur de voir cette évolution ! Ma présence au Togo m’a également permis de travailler plus facilement avec Luc, responsable des projets d’ADS, sur le projet de centre d’éducation précoce auquel je participe depuis ma mission. ADS a fait le choix d’oser ce changement de cap avec une structure innovante pour le Togo. Convaincue, j’essaie de les soutenir comme je peux, avec notamment un projet de financement participatif. Pour les curieux ou les généreux, la collecte est toujours en cours : https://www.okpal.com/un-centre-d-education-precoce-au-togo/?status=new#/

Une fois de plus, je repars le cœur lourd, mais tellement reconnaissante de ce que le Togo m’apporte et me permets de vivre, tant professionnellement que personnellement. Mais quelle chance inouïe j’ai ! Cette année a été un tourbillon d’émotions, et aussi dur soit le retour, je suis sûre que ces voyages offrent toujours un retour à l’essentiel. Les personnes chères à mon cœur savent déjà combien elles contribuent à ce bonheur, mais je ne cesserai jamais de leur dire MILLE MERCIS pour ça.

Amélie Laurent, Référente ADS

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