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La promesse d’une éducation inclusive ?

« La véritable injustice, ce n’est pas de naître avec un handicap incurable, c’est le fait que la société n’accepte pas ce handicap. » Lydie Laurent

Un jour, Ela, ma collègue secrétaire, entre dans mon bureau et me tend une enveloppe. Je lis avec surprise qu’Emmanuel nous invite avec Gilbert, mon collègue orthophoniste, à sa soutenance de BTS !

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J’ai rencontré Emmanuel à l’espace rencontres du Centre Médico-Social de Kodjoviakopé, un quartier du Sud de Lomé. Deux fois par mois, des parents du quartier s’y réunissent pour un temps d’échange. Ils ont en commun d’avoir tous un ou des enfants en situation de handicap. C’est Luc, l’un des responsables d’ADS, qui m’a introduit à l’espace rencontres, avec l’idée que les familles pourraient bénéficier d’un apport ergothérapique. Restait à définir lequel. Lors de ma première participation, j’ai pu présenter l’ergothérapie et chaque parent a pu parler des difficultés de son enfant. Les deux fois suivantes, nous avons abordé la question de l’autonomie dans les activités de la vie quotidienne, en essayant de penser des stratégies/adaptations pour compenser le handicap de leurs enfants. Gilbert assure avec brio la traduction puisque la plupart des parents ne parlent qu’éwé. Nous nous régalons tous les deux de ces échanges si riches. C’est donc dans ce cadre que je rencontre Emmanuel et son papa.

Emmanuel a 21 ans et il présente une Infirmité Motrice Cérébrale (IMC). Sa paralysie cérébrale s’exprime surtout sur le plan moteur, avec des difficultés à marcher et à parler. Grâce à de bonnes capacités cognitives, à une incroyable détermination et à un entourage soutenant, Emmanuel a pu suivre un cursus scolaire ordinaire. Et le voilà déjà à la fin de son BTS bureautique !

Avec Gilbert, nous sommes très honorés de pouvoir assister à sa soutenance. Je découvre à cette occasion le site Sud du campus universitaire de Lomé. C’est un labyrinthe immense que nous sillonnons à moto ! Il y a même une mosquée, un hôpital, une église, une épicerie… c’est une petite ville à l’intérieur de la ville ! Après de nombreux détours et renseignements pris auprès des étudiants, nous trouvons enfin le bâtiment indiqué par Emmanuel dans son invitation. Nous sommes en retard mais la soutenance n’a pas commencé, c’est l’heure à la togolaise ! Emmanuel est là, assis dans son fauteuil roulant. Il semble serein. Son papa me le confirme : il a confié ce moment à Dieu et puise sa force dans ceux qui sont venus le soutenir. Et ils sont nombreux au rendez-vous ! Il y a la famille, les amis et les associations qui le soutiennent.

C’est le grand moment pour Emmanuel ! La soutenance se déroule de manière similaire à celles que j’ai connu en France : un temps de présentation, un temps de questions et un temps de délibération du jury. Malgré ses difficultés d’élocution, Emmanuel présente brillamment son sujet qui porte sur la « création d’une boutique en ligne via Drupal commerce ». Je suis impressionnée par son travail, qui est aussi reconnu par le jury puisqu’il obtient la note de 15/20 !

Ce moment me donne beaucoup d’espoir ! La société togolaise serait-elle en train d’évoluer dans l’acceptation du handicap ? J’ai envie de croire aux prémisses d’un changement. Emmanuel et son entourage ont dû faire preuve d’une grande force pour arriver à cela, mais ils ont aussi réussi une belle promesse pour le Togo…

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