Visite de l’hôpital psychiatrique de Zébé
Bonjour, mifongnuèdéa!
Même si nous entamons le mois de décembre, les températures sont toujours estivales ici ! Les illuminations de Noël prennent placent, et les chants de Noël animent les différents quartiers de Lomé.
Avec la troupe de danse Midjo Togo, nous avons organisé un spectacle alliant danses africaines, scènettes de théâtre, chants, et percussions autour du handicap psychique. A la fin du spectacle, nous avons organisé un débat avec Pauline et Lucile. Ce fut très enrichissant de partager les différents points de vue autour des questions suivantes : Pour vous, qu’est ce que la maladie mentale ? Quand vous croisez « un fou » dans la rue, est-ce que cela vous fait peur ? Ou au contraire avez-vous envie de l’aider ? Est-ce que ça peut arriver à tout le monde ? Même à moi ? Comment en guérit-on ? Peut-on peut l’éviter ? , etc. Nous avons abordé lors de ce débat la dépression, la schizophrénie, l’alcoolisme & autres drogues et les troubles bipolaires. Nous avons mis l’accent sur le fait que ce sont des maladies mentales, qui peuvent être déclenchées chez n’importe quel individu ayant une certaine fragilité psychologique et à n’importe quel moment de la vie.
C’est avec curiosité que nous avons décidé d’entreprendre la visite de l’unique hôpital psychiatrique du Togo qui se situe à Zébé (près d’Aného). Le panneau d’entrée indiquant « Psychiatrie, psychologie, médecine générale, analyses biomédicales et ERGOTHERAPIE (????) a suscité davantage notre intérêt.
L’hôpital de Zébé, dont la capacité d’accueil est de 136 lits, accueille une très grande majorité de patients psychotiques originaires du Togo, du Bénin, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire pour une durée moyenne de 3 mois en hospitalisation complète. Il peut arriver que certains restent ici toute leur vie, ayant été abandonnés par leur famille. Il n’y a pas d’accueil de jour, ce qui ne facilite pas la transition entre l’hospitalisation complète et le retour à domicile.
L’équipe médicale est composée de médecins psychiatres, d’infirmiers, de psychologues, et d’un kinésithérapeute. Voici une journée type proposée aux patients : -Levé à 5H du matin, débarbouillage, hygiène bucco-dentaire et ménage. -6H à 10H : toilette, petit déjeuner puis soins du matin. -10H : ateliers -12H : déjeuner, soins du midi, sieste obligatoire, puis réveil à 14H30 -15H : ateliers -16H30 : toilette -18H30 : dîner, soins du soir, télé -21H : soins de nuit, coucher obligatoire.
Les ateliers animés par les infirmiers ont pour objectifs de remettre les bénéficiaires en activité, au travail ; d’où le terme employé sur le panneau (Ergothérapie <=> thérapie par l’activité). Les activités proposées sont : couture, élevage de poules, potager, jeux de société, foot, gym, et cuisine occasionnellement. Les bénéficiaires ont le choix de venir ou non aux activités. Ils ne sortent jamais à l’extérieur (pour éviter qu’ils ne « s’échappent »), mais ont cependant la possibilité de faire leurs petits achats dans le magasin au sein de la structure et de recevoir de la visite de leur famille.
Concernant les infrastructures, les hommes et les femmes sont dans des dortoirs séparés. Les chambres les plus spacieuses se composent de 3 lits. Par manque de places, les autres dorment dans une grande pièce pouvant accueillir plus de 20 personnes.
A notre arrivée, nous avons été agréablement surprises de l’accueil (à nouveau) ainsi que l’intéret porté à la réinsertion de la personne par l’activité (en plus du traitement médicamenteux). Un prémice de l’ergothérapie !
Le directeur et l’équipe sont d’ailleurs très en demande de recevoir des volontaires ergothérapeutes, et souhaiteraient développer leurs connaissances sur le domaine pour adapter l’accompagnement des bénéficiaires. Nous les remercions pour leur accueil chaleureux et espérons que l’ergothérapie poursuivra de nouveaux horizons au sein de la structure !
Eyizandea !
Claire Rock et Clara Onno