Retour sur la fin de notre bénévolat !
Nous avons laissé du suspense mais nous revoilà pour partager la fin de notre expérience au Togo :
Nous avons bien sûr continué les séances initiées avec nos patients togolais. Certains étaient très impliqués et d’autres ont arrêté les séances de rééducation. Nos collègues nous ont expliqué qu’en arrivant en Novembre, les patients ont besoin de faire des économies pour préparer Noël.
Nous avons essayé de développer nos prises en charges auprès des enfants (souffrant souvent de paralysie cérébrale), en nous présentant directement aux mamans et en leur proposant nos services. Il s’agissait notamment de réaliser des bilans complets sur leurs capacités et de faire le lien avec leur quotidien. Des appareillages avaient déjà été confectionnés par le CNAO pour des enfants, mais faute d’aides techniques adaptées, ils ne s’en servaient pas.
Une des priorités était de trouver une solution pour que les enfants soient bien positionnés. Ils manquaient parfois de matériel pour être installés dans de bonne posture sans être soutenus par un adulte. A nous de dessiner des schémas d’adaptations à faire réaliser par un menuisier (ex : plan de verticalisation avec tablette permettant à l’enfant de jouer debout), ou de découper des carrés de mousses pour le contenant d’une assise « moulante » pour l’enfant.
Lors des séances, nous travaillions également avec eux la fonction de préhension et la coordination bimanuelle.
Nous avons pu fabriquer des aides techniques sur place. Nous avons confectionné des aides pour l’habillage (un enfile bouton avec une chute de plaque thermoformable et un trombone), pour la lessive (une aide technique pour aider à maintenir le linge pour l’essorer plus facilement) et pour le repas (un bracelet métacarpien pour maintenir plus facilement les couverts). Deux orthèses ont également été fabriquées. Une pour une femme afin de favoriser l’enroulement des doigts et une autre pour favoriser l’extension des doigts d’une petite fille. Plusieurs écharpes hémiplégiques ont été confectionnées pour un patient hémiplégique avec un membre supérieur flasque et un autre ayant une atteinte au niveau du plexus brachial.
Nous avons également effectué des visites à domicile auprès d’un patient tétraparétique, d’une dame âgée paraparésique et d’une dame âgée en début de démence. Préconisations d’aménagement, d’aides techniques et de réorganisation du quotidien pour améliorer leur performance dans leurs activités quotidiennes.
Une visite sur le lieu de travail d’un patient lombalgique a été faite en fin de mission. Sur place, une discussion avec le chef d’atelier et le responsable sécurité a permis de faire ressortir les points essentiels des adaptations à prévoir pour l’opérateur.
Nous avions besoin de fauteuils roulants pour certains de nos patients. Malheureusement, les fauteuils roulants doivent être achetés par les patients, ceux-ci sont souvent importés de Chine mais leur coût reste trop élevé pour partir sur un achat. Nous avons pu créer du lien avec la Croix Rouge internationale qui organisait une formation pour les orthoprothésistes et les kinésithérapeutes afin de les initier au choix et à l’adaptation des fauteuils roulants (à défaut d’avoir des ergothérapeutes !). Ainsi, nous avons pu proposer à nos patients de s’inscrire à cette formation pour être les sujets d’étude des professionnels formés. Suite à cette formation, le fauteuil roulant qui aura été adapté à leurs besoins leur sera donné. Ce fut une belle opportunité.
Nous savons maintenant que trois de nos patients (un jeune homme tétraparétique, une jeune femme paraparésique et un enfant présentant une spasticité très importante) sont repartis de cette formation avec un fauteuil adapté à leur situation.
En parallèle, nous avons pu faire une intervention de 2h à l’ENAM auprès des étudiants en 3ème année de kinésithérapie afin de leur expliquer ce qu’est l’ergothérapie. Ce fut un moment très intéressant. Ils avaient déjà entendu parler de notre métier et quelques-uns ont pu observer des ergothérapeutes lors de leur stage au CNAO. Ainsi, ils avaient une idée des activités que nous réalisons. Cependant, les concepts guidant notre pratique et leur donnant sens n’étaient pas connus. Nous avons partagé avec eux des éléments théoriques mais aussi des retours d’expériences avec différentes populations. Nous avons fini notre intervention par des démonstrations de matériels (petites aides techniques) et d’exemples d’activités tout en expliquant notre raisonnement et nos possibilités d’adaptations afin de récupérer ou maintenir les capacités de nos patients.
Puis est venu le temps de partir. Frustrées de ne pas avoir fini toutes nos prises en charge, nous avons compté sur les stagiaires pour poursuivre certains suivis.
Cette expérience de bénévolat a été d’une richesse incroyable, nous espérons que d’autres bénévoles seront motivés pour poursuivre les objectifs d’ErgoTogo : développer l’ergothérapie au Togo !
Nous l’avons déjà fait mais nous souhaitons encore remercier nos généreux donateurs de matériel (HMS, Patterson, Hoptoys, pharmacie de l’Octroie à Tourlaville), le CNAO, Claire et Clara, nos compaires ergothérapeutes bénévoles, CEC Togo, Ergo Togo, tous nos proches qui nous ont permis de vivre cette aventure… et Gaëlle Ferlay pour nous avoir parlé du projet d’ErgoTogo avec passion à une terrasse de café à Montpellier un après midi d’Août !
Pauline Salmon et Lucile Salley