Communautergothérapiquement vôtre !
Passé la première semaine de prise de contact, les plannings des enfants que nous accompagnons nous ont été attribués. C’est ainsi que nous avons commencé les visites à domicile, non sans une certaine appréhension. Car au-delà des indications des dossiers et des premières rencontres, nous connaissions peu de choses sur ces enfants dont la culture est tellement différente de la notre : qu’il s’agisse de la langue, du mode et les habitudes de vie qui en découlent, les axes et objectifs de nos accompagnements, ou encore la conception du handicap…
Nous étions prévenus avant d’arriver que les Togolais possèdent un sens profond de la communauté. Ainsi, il a fallu très peu de temps pour que nous soyons rassurés sur notre mission. Les accompagnateurs, qui, en plus de nous amener au domicile de chaque enfant, les connaissent parfaitement, comprennent leur communication non verbale, traduisent l’éwé en essayant de nous transmettre quelques notions, et nous proposent des activités à réaliser… Car, après avoir accompagné un certain nombre de bénévoles ergothérapeutes avec un intérêt certain, ils connaissent très bien notre métier. Nous en blaguons avec eux en leur disant qu’ils pourraient presque être eux aussi ergothérapeutes ! Outre nos accompagnateurs, la famille joue également un rôle important dans nos prises en charge. En effet, là est l’objectif de l’association APAPE axe sont action vers la communauté pour le bien de l’enfant. C’est ainsi que nous les dirigeons sur les capacités à travailler, les exercices à proposer pour que les « mamas » elles-même se mettent au travail. Forcément la cohésion avec un membre de la famille est plus signifiante pour l’enfant.
Nous pouvons donc dire que plusieurs acteurs gravitent autour de l’enfant : l’ergothérapeute avec ses connaissances et ses modalités de traitement, l’accompagnateur pour mettre en confiance l’enfant, et la famille pour le stimuler et poursuivre les acquis une fois notre prise en charge terminée.
Comme nous l’avions déjà mentionné dans notre premier article, notre action consiste également à animer des espaces rencontres. Nous allons dans 3 Centres Médico-Sociaux différents. Le fonctionnement est tel que quand tout le monde est arrivé (certaines fois avec un peu de retard), une prière est faite. Ensuite, nous formons et informons les mamans sur des thèmes choisis. A l’heure actuelle nous avons déjà animé plusieurs séances concernant le développement de l’enfant : théorie et pratique ont été démontrées pour les aider à stimuler elles-mêmes leur enfant afin développer leur capacités. Malgré des a priori les mamans ont été investies et ont retenu beaucoup de conseils via ces échanges. Nous avons également fait des consultations pour des enfants qui ne bénéficient pas encore de séances à domicile de telle sorte à ce qu’ils soient eux aussi intégrés dans le programme d’APAPE pour les prochains bénévoles. Une fois la séance finie, ils réalisent une prière pour clôturer l’espace rencontre du jour. Des temps de synthèse sont également planifiés. Ils nous permettent de faire le point sur les progrès des enfants, de redéfinir les modalités des visites (nombre de visite par semaine, leur durée, intérêt à continuer la prise en charge à domicile, …).
C’est également pour nous le moment de partager nos difficultés, presque exclusivement liées aux absences de certaines « mamas » lors de nos visites. Au risque de nous répéter, leur présence et leur implication est vraiment essentielle pour que l’épanouissement des enfants pendant et hors de nos séances.
Bien entendu, la vie au sein de CEC suit son cours. Nous avons pu effectuer les différentes excursions proposées par l’association, avec un gros coup de cœur pour cinq jours passés au Nord, paroxysme du dépaysement que nous vivons déjà au quotidien. Paradoxalement à un rythme « mollo mollo », le temps passe à une vitesse effrénée. Nous sommes toujours entourés, qu’il s’agisse des volontaires ou stagiaires français (et minoritairement belge) ou des bénévoles Togolais, avec qui nous créons des liens et des amitiés qui, nous l’espérerons, vivront au-delà des frontières pendant longtemps.
Mélanie et Sylvain